Sunday, July 30, 2006

Regio Express

Ça fait une heure que je suis assis à côté d’une femme dont le visage est si commun que je n’arrive pas à le décrire. Ce train est presque vide et j’essaie de lire un bouquin mais mes yeux trouvent le papier trop blanc aujourd’hui et cela les embête. C’est l’été et la chaleur a fait un pacte diabolique avec les moustiques pour me rendre la vie misérable. On s’arrête souvent, même dans des villages minuscules qui ont peut être moins habitants que ce petit train. J’aurai pas du prendre le train régional.

Mes mains prennent machinalement un journal que quelqu’un a laissé sur la table. Il n’y a rien d’intéressant. Je me demande si les journalistes ne s’ennuient pas eux-mêmes avec les histoires qu’ils écrivent. Des morts, des scandales de corruption, des matches de foot, des crimes, bon ban. Tout ce qui doit nous intéresser c’est cela. Le reste est banal, pas important, pas spécial, pas terrible.

Si je fais ce petit trajet de train chaque jour, en compagnie des êtres anonymes comme la femme d’à côté, je ne ferai jamais partie de l’actualité mondiale. Mon existence sera aussi spéciale que celle du moustique que je viens d’écraser contre la fenêtre.

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